Sur les traces des « Solom Koeese » : Toudeba Bobellé à la quête de la structure narrative

Les « Solom Koeese » sont des devinettes tonales, appelées “contes courts”, profondément enracinés dans les traditions orales. Dans le cadre d’un effort de redécouverte et de préservation de cette forme d’expression orale, le conteur Toudeba Bobellé a lancé un projet de recherche et d’etude intitulé « structure narrative des Solom Koeese ». Ce projet, initié il y a quelques mois, bénéficie du soutien du Bureau Burkinabè des Droits d’Auteur (BBDA), à travers le Fonds de Promotion Culturelle, dans sa composante d’aide à la recherche.

Contrairement aux contes traditionnels dont la structure narrative est bien connue, celle des « Solom Koeese » demeure encore méconnue par bon nombre de conteurs. En effet, la structure morphologique et le schéma narratif du conte est essentiel pour permettre aux praticiens de cet art de créer ou d’inventer de nouveaux récits. Toutefois, ce n’est pas encore le cas pour les « Solom Koeese ». Pour Toudeba Bobelle, de nombreux conteurs ignorent la structure narrative de ce type de devinette dite tonale , malgré son rôle crucial dans la société. Ce projet de recherche et d’étude sur la structure des « Solom Koeese» vise à apporter sa contribution pour combler cette lacune.

Plusieurs recherches ont été effectuées par Toudeba

Ce travail consiste à analyser en profondeur la structure des devinettes tonales, à en identifier les compositions et les variations. Selon Toudeba Bobellé, cela permettra non seulement de redonner vie à ces devinettes, mais aussi d’en créer de nouvelles en utilisant des mots et expressions contemporains et permettra egalement aux artiste de s’en approprier et d’en exploiter dans les créations théâtrale. Ce projet constitue également une démarche de conservation et de valorisation d’un pan de l’oralité traditionnelle qui tend à disparaître.

 

Le projet, qui s’étend sur trois mois, se déroule en trois phases principales : la recherche, la collecte des « Solom Koeese » et enfin l’analyse suivie de la synthèse des résultats. Pour ce faire, Toudeba a parcouru plusieurs localités du Burkina Faso, notamment Sissamba, Boussé, Boussouma, Bagaré, Ziniaré, Lâ Todin, Tagho, ainsi que Ouagadougou. Ce périple, non sans difficultés, lui a permis de rencontrer des personnes-ressources et des personnalités culturelles telles que des conteurs traditionnels, des conteurs modernes, des enseignant -chercheurs, des maîtres de conference en literature orale etc. Parmi ces figures, on compte le Pr. Moumouni ZOUNGRANA de l’Université Ki-Zerbo, Boukari OUEDRAOGO dit Bouka-soutougou, conteur traditionnel radio Savan FM, Issa KAFANDO dit Yelsolm Naaba, conteur à la Radio Bassy de Ziniaré, Bend Naaba GUIGEMDE de Gounghin, Yempogbi KONKOBO vieille conteuse à sissamba,

Toudeba Bobellé lors d’une soirée de conte

En plus de ces rencontres, Toudeba Bobellé a assisté à des événements tels que les soirées « Kéoogo» de Boussouma, et a effectué des recherches à la Bibliothèque nationale. Il a également bénéficié de l’appui-conseil de l’Institut de Recherche Théâtrale du Burkina (IRTB).

 

Malgré les difficultés, notamment liées à la saison des pluies, Toudeba se dit satisfait des résultats obtenus à ce stade du projet, quoi qu’il reste encore à parfaire. La phase de rédaction des données collectées étant terminée, il envisage de constituer une équipe pour procéder à des observations critiques. Une fois cette étape franchie, un rapport final sera remis au BBDA. Toudeba Bobellé a tenu à exprimer sa reconnaissance envers cet organisme de gestion des droits d’auteur, sans lequel ce projet n’aurait pas vu le jour.

Un corpus de « Solom Koeese » attendu à la fin du projet

Par ailleurs, il souligne que l’une des finalités du projet est la vulgarisation de ces devinettes tonales. Ainsi, il n’exclut pas d’organiser des spectacles à la fin du projet pour faire découvrir ces trésors culturels au grand public. Il lance également un appel à ses collègues artistes, les encourageant à se pencher davantage sur la recherche, car, selon lui, il reste encore beaucoup à valoriser dans le patrimoine culturel burkinabè.

 

Par Boukari OUEDRaOGO

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